Les rencontres musicales en France
Partis de Tours en direction de la Suisse, nous avons parcouru environ mille kilomètres en France. Ce début de voyage aura été l'occasion de quelques découvertes musicales.
La première a eu lieu à quelques kilomètres au nord de Mâcon, chez les premiers cyclistes qui nous ont accueillis via le réseau Warmshowers. Après avoir gravi une côte très pentue sous une pluie battante dans les collines bourguignonnes, nous nous retrouvons à la table de Laure et Gaspard, ainsi que leur ami Timothée, tous trois musiciens. Quelle chance !
Nous avons pu, autour d'un repas chaud, apprécier leur hospitalité et parler de leur spécialité, les musiques improvisées. Ils nous ont expliqué leur façon de les concevoir : comment les musiciens peuvent s'entendre les uns les autres sur l'instant, créer des sons insolites avec leurs instruments respectifs, le saxophone, la batterie et la trompette.
Chacun ayant ses propres projets, nous avons aussi pu rêver en entendant parler de musique et de danse au cœur d'une forêt, ou en partageant des sons provenant de la nature qui peuvent inspirer les musiciens.
Nous avons hâte de les voir un jour en concert. En attendant, voici une vidéo de Laure et Gaspard dans les rues de Strasbourg :
Et un lien vers le site internet de Timothée : http://www.tquost.com/home
Ainsi qu'une vidéo de lui en concert :
Partager avec eux ces points de vue musicaux m'a remis en tête des souvenirs de musique contemporaine. Toujours dans le thème de la recherche de sons nouveaux, on peut également écouter les œuvres de Ligeti, où l'on perd la notion de début et de fin, où le temps s'étire en de longs clusters (agrégats de notes) évoluant lentement, créant des ambiances musicales saisissantes. Par exemple, ce morceau "atmosphères" :
Voilà une musique parfaite à écouter le soir auprès d'un feu perdu dans une forêt profonde, après une bonne journée à vélo.
Nous sommes repartis plein de bons souvenir, la maison et son jardin/potager est entourée de petites montagnes vertes et jaunes où fleurissent les vignes. La vie semble s'arrêter un instant dans ce petit coin de paradis, comme dans mille endroits de Bourgogne. Le lendemain matin midi, Laure et Gaspard ont enfourché leurs vélos pour nous montrer le chemin sur la première montée, puis ont finalement continué une vingtaine de kilomètres pour nous accompagner jusqu'à Mâcon où nous avons mangé un bout ensemble.
Encore merci à eux pour cette belle expérience !
Cependant, nos rencontres musicales en France ne s'arrêtent pas là.
Notre voyage s'est poursuivi quelques jours chez le cousin de Piero à Lyon, d'où nous nous sommes permis un aller-retour au Puy en Velay en train.
- En train?
- Hé oui, nous avons triché, nous avons un peu lâché nos vélos, mais tant pis!
Revenons toutefois à nos moutons, c'est à dire à nos expériences musicales en France.
Au Puy en Velay, des amis de Laura, Othilie et Sebastien, nous ont accueilli chez eux. Après une visite de la ville, nous avons le soir participé à un bal trad organisé par le centre départemental des musiques et danses traditionnelles de haute-Loire, le cdmdt43. Entre danses folkloriques et musiques rythmées, nous avons passé une soirée sur la place Cadelade avec un public très actif, où il était facile de trouver des partenaires de danse. Nous y avons rencontré Marion, qui nous a réappris la valse, la mazurka, la polka, le boléro et la bourrée à trois temps et même à quatre temps ! Entre sautillements, cabrioles, contredanses et rondes, nous avons dansé une bonne partie de la soirée. Et au cas où nous n'aurions pas bien compris les pas, nous avons recommencé maintes fois jusque tard dans la nuit.
un petit extrait avec le groupe Di Mach pour mieux se rendre compte de l'ambiance musicale :
Nous avons aussi eu le plaisir d'écouter des musiques plus douces, avec des instruments insolites, comme la vielle à roue ou la cornemuse, jouées avec brio. Nous avons particulièrement affectionné la vielle à roue, au son grésillant et entêtant.
Jouée à l'époque médiéval par les musiciens de rue (même si quelques œuvres de cour existent), c'est aujourd'hui un instrument prisé pour les musiques folkloriques. Voici son fonctionnement : deux cordes, les chanterelles, sont frottées non pas par un archet mais par une roue, tournée de la main droite avec une manivelle. La main gauche actionne un clavier aux touches appelées sautereaux, dont les tiges vont toucher les deux cordes (les chanterelles, si vous suivez toujours) pour former la mélodie. D'autres cordes plus graves créent un bourdon, son continu en accompagnement, qui font de la vielle à roue un instrument si complet.
La vielle à roue nous a plu, peut-être aussi à cause de la manivelle à actionner, semblables aux pédales d'un vélo (imaginez un peu un vélo-vielle à roue, en voilà un bel instrument !).
Sur cette place centrale du Puy en Velay, d'où partent des ruelles cernées de maisons moyenâgeuses, les musiciens et danseurs ont fait revivre le temps d'un bal une atmosphère d'une époque révolue.
Pour bien finir la soirée, nous sommes tous allés boire un coup dans un bon bar du Puy en Velay.
Comme quoi la bière la musique est un bon moyen pour rencontrer du monde, en franchissant toutes les barrières. On espère que ce voyage nous le montrera bien !
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