Carnet n°1 : De la Touraine aux Alpes

                                                                  - du 19 juillet au 25 août 2020 - L.

C'est au départ de la ville qui nous aura vu grandir, Tours, que l'on a mis notre premier coup de pédale. Notre objectif ? Ça a été le Japon, l'Asie Centrale, mais au final, au vu des derniers événements, les cartes ont été rebattues. Nous irons dans un premier temps vers Istanbul, sans aucune certitude, et puis on verra ce que l'avenir nous réservera entre temps.

Pour y aller, nous avons décidé de suivre deux cours d'eau que nous avons traversé mille et une fois, enfants, ados puis étudiants et enfin lors de notre retour du Mercantour, afin de préparer activement les dernières "petites" choses avant le grand départ.

Le grand départ : au début, une date est choisie, pas vraiment au hasard puisque, deux ans et demi auparavant, nous nous retrouvions pour la première fois au Mercantour. Cette date au début paraît loin. Plusieurs semaines qui se réduisent peu à peu en quelques jours. Jusqu'au moment où tu te réveilles, LE matin, la boule au ventre mais le sourire aux lèvres, après les dernières journées dédiées aux au revoirs en famille et entre amis et au remplissage pressé de nos sacoches.

C'est par un beau dimanche de juillet, le 19, que nous avons dit progressivement au revoir au chat, puis aux parents, puis à Tours. Pédaler sur des routes connues paraît au début normal et habituel, même si le poids anormal de notre vélo nous rappelle que quelque chose cette fois-ci est différent. 

Une traversée de l’île Balzac pas comme les autres

Le soir, nous planterons, pour la première fois de ce voyage, notre tente au bord du Cher dans un doux mélange d'émotion et d'excitation. Nous allumerons un petit feu, essayant d'éloigner quelques moustiques trop amicaux et observant les premières chauves-souris de la soirée virevolter au-dessus de nos têtes. Même si nous l'avons suivi que sur une cinquantaine de kilomètres, cette nouvelle route à vélo, calme et tranquille longeant cet affluent de la Loire nous a ravi. A Montrichard, nous décidons de bifurquer jusqu'à Chaumont, rejoindre sa cousine, la plus renommée Loire à vélo.

Arrivée sur Montrichard le long du Cher

La Loire, un des dernier fleuves "sauvages" d'Europe, nous guidera de la Touraine jusqu'à la Bourgogne. Nous avons pris le temps de pédaler le long de ses méandres avec de premières étapes allant rarement au-delà des 50 km, le temps d'apprécier la diversité du paysage sans jamais s'en lasser. Chaque soir, nous faisions en sorte de retrouver ces étendues d'eaux ponctuées d'îles, où les sternes sont reines, pour choisir une plage où discrètement établir notre campement pour la nuit. Les routes sont bonnes, plates, il est difficile de s'y perdre, les rayons du soleil nous accompagnent sans que le vent ne soit jamais vraiment contrariant : que demander de mieux le temps de muscler nos petites jambes fraîchement sorties du confinement ? 

Une des nombreuses traversées de la Loire

Cela nous a quelque peu surpris, mais c'est en quittant, non pas à regret, cet itinéraire apprécié des cyclotouristes pour entamer la traversée des terres bourguignonnes, que nous ferons le plus de rencontres. Peut être que le voyageur décoré de multiples sacoches y étant plus rare, interroge et surprend plus ? 

Pour le temps de cette traversée, adieux aux balisages et voies vertes où les voitures et le dénivelé sont quasiment absents. Mais trop de facilité ne correspond pas à l'essence même de ce que nous pensions être l'aventure. C'est donc au moment où les thermomètres ont commencé à s'affoler en ce début de mois d'août, que nous nous élançons sur les petites routes charolaises. Les premières montées sont précédées de descentes salvatrices où il est bon d'oublier de cramponner trop ses freins, devant le regard impassible et détendu des vaches qui peuplent ces jolies campagnes bocagères. Pour tenir la distance, nous avons du adapter notre rythme de vie, précédant le soleil au réveil, et roupillant sur les heures les plus chaudes.

Sur les petites routes bourguignonnes


La traversée entre Paray le Monial et Cluny sera de courte durée, et récompensée par l'hospitalité de nos deux premiers warmshowers [réseau de logement chez l'habitant pour cyclistes voyageurs]. Ils nous feront même le plaisir de nous accompagner jusqu'à Mâcon, nous faisant découvrir le vignoble savoureux des terres secrètes.

De Mâcon à Lyon, c'est sur les rives de la Saône que nous pédalons dorénavant sur la "voie bleue". Carte de l'office de tourisme en main, nous partons gaiement découvrir qu'aucun balisage n'est encore en place, au contraire de ce qui nous avait été annoncé. La piste de halage, n'est cependant pas difficile à suivre, sauf rares exceptions où nous avons la chance de tomber sur un autre cycliste qui tombe à pic pour nous guider à vélo. L'arrivée redoutée dans la troisième plus grande ville du pays a été à la hauteur de nos craintes : nous réalisons que la piste bordant la route passante que nous suivons, se rétrécit peu à peu en une bande d'arrêt d'urgence, avant de disparaître, nous laissant pour seule compagnie les voitures et camions un peu trop pressés. Ces quelques kilomètres difficiles passés, nous entrons enfin dans la folie lyonnaise et découvrons nos premiers "embouteillages", entre cyclistes cette fois, et traversons des tunnels à vélo futuristes. Puis, la retrouvaille entre cousins du soir en valait largement la peine ! 

Enfin, nous laissons nos vélos pour un repos bien mérité pour les premiers jours de pause à Lyon, puis au Puy en Velay, à profiter successivement de la famille et des amis. Quitter Lyon un dimanche matin à l'aurore sera bien plus agréable. Un nouveau fleuve à suivre : le Rhône, avec une nouvelle étape en vue : les Alpes ! Nous pédalons avec bien plus d'entrain que prévu sur cette route à vélo que nous avions parcourue bien plus au sud l'année passée. Les paysages nous régalent, quel plaisir de rouler sur le plat, loin des voitures, les premières montagnes nous accueillant. Nous aurons même la chance de passer au pied du défilé de Pierre-Châtel, espace naturel sensible sur lequel j'ai travaillé les six derniers mois de mes études. Tout roule pour le mieux, hormis les quelques petites "zones blanches" (avant Lagnieu par exemple) où balisage et véloroute disparaissent soudainement. Nous aurons encore droit à notre sauveur, Christophe, arrivé à point, sorti littéralement des bois, qui enfourchera exprès son vélo pour nous conduire 20km plus loin retrouver notre route avec en prime des explications sur l'architecture des villages du balcon du Dauphiné. 

Les montagnes s'affirment de plus en plus en entrant en Haute-Savoie. A Annecy, nous profitons de balades au dessus du lac et au col des Aravis, guidés par Michèle et Gérard et retrouvons tous les cousins, non vus depuis de longues années. Après avoir pédalé le long du magnifique lac glaciaire, nous rejoignons Albertville avec comme nouveau but : Tessens, situé aux portes du massif du Beaufortin, afin de profiter du calme de la montagne dans la jolie maison de la grand mère de Piero, où j'écris en ce moment ce premier récit de notre périple.

Prochaine étape ? Remonter le Rhône jusqu'à sa source et rallier la Suisse !                

     

Arrivée à Tessens après les 400m de dénivelé
Arrivée à Tessens après les 400m de dénivelé



Revivre le voyage en photos : 

































Commentaires

Guy Pommier a dit…
Bonjour a tous les deux. Je viens de lire (enfin) votre texte et de faire le voyage avec vous par procuration. Je vous admire et vous envie.
Bravo, bonne continuation et à bientôt de vos nouvelles.
Affectueusement
Guy