Chronique nature n°2 : Du défilé de l'Ecluse au delta du Pô, sur la route des oiseaux migrateurs

 La migration des oiseaux est sans nul doute un des phénomènes naturels les plus captivants et spectaculaires. Pas étonnant qu'il suscite questionnement et émerveillement depuis bien longtemps. Sur la route de notre escapade de presque trois mois, aux premières lueurs de l'automne, nous aurons la chance de croiser le chemin de ces oiseaux voyageurs à plusieurs reprises : tout d'abord, au défilé de l'Ecluse, un site incontournable en Europe pour la migration des rapaces puis au delta du Pô, une des plus grandes zones humides protégées de Méditerranée. Ce second carnet naturaliste relate ces rencontres passionnantes entre terre, mer et ciel.

Envol de flamants au dessus de la lagune de Commachio au sud du Delta du Pô


Episode n°1 _ Escale aux confins du Jura, de la Savoie et de la Suisse : le défilé de l'Ecluse 

1er septembre 2020, il est 7h40, la rosée du matin scintille sur les herbes de la prairie où nous avons installé notre campement pour la nuit. La veille, nous avons pédalé tard dans la soirée depuis Bellegarde sur Valserine afin de rallier un lieu à la géographie et l'histoire singulière. En ce défilé à l'allure particulière, aux pieds d'un fort cramponné au rocher, le Rhône a taillé son passage dans ce massif calcaire de la commune de Chevrier. Mais ce n'est ni pour l'histoire ni pour la géologie que nous nous y rendons. Au milieu du XXème siècle, ce site retient l'attention de quelques férus d'oiseaux pour ses passages spectaculaires de corvidés et de columbidés (pigeons et apparentés). Plusieurs ornithologues suisses et français se sont alors intéressés de plus près à ce passage très emprunté, notamment en automne. Aujourd'hui, après plusieurs années de suivis, l'intérêt majeur de ce spot de migration n'est plus à démontrer : plusieurs centaines de milliers d'oiseaux y sont dénombrés chaque année ! La LPO Haute Savoie se relaie chaque jour, entre la mi-juillet et la mi-novembre, pour faire état de ces données précieuses. Impossible donc pour nous de ne pas s'y arrêter une journée.

Réveil face au défilé de l'Ecluse

Plusieurs bénévoles et salariés scrutent méticuleusement le ciel avec leurs jumelles à notre arrivée. Un groupe de plusieurs dizaines de Cigognes blanches, repéré depuis un long moment est en train de nous survoler. Le paysage en effet est ouvert et dégagé sur le plateau suisse, le ciel est plutôt nuageux, les conditions d'observation pour aujourd'hui sont idéales ! 

Joris, salarié à la LPO Haute Savoie nous explique que ce ne sont pas les premières à passer par cet entonnoir, qui concentre naturellement les migrateurs guidés par les sommets avoisinants. Les Milans et Martinets noirs ont ouvert le bal depuis juillet pour emprunter les routes du soleil, direction l'Afrique. Mais aujourd'hui, ce ne sont pas eux que nous observerons le plus. Quelques minutes plus tard, un des bénévoles scrutant l'horizon lance un premier "ça pompe en direction du Vuache". Un groupe de plusieurs dizaines de Bondrées apivores profitent au loin des courants thermiques pour s'élever dans les airs peu à peu en formant des cercles, avant de continuer à avancer en notre direction en planant, parfaite stratégie pour économiser son énergie quand on est un rapace. De taille moyenne, d'allure semblable à la Buse variable mais avec une tête plus fine, la Bondrée n'est sous nos latitudes que quelques mois de l'année pour se reproduire, avant de repartir pour l'Afrique où elle passe la majorité de l'année. Elle a la particularité de se nourrir principalement de guêpes, d'abeilles et d'autres bourdons. 

Comme pour l'ensemble des oiseaux migrateurs, c'est son régime alimentaire composé d'insectes qui va constituer sa principale raison pour entamer ce voyage au long court. Une affaire d'estomac donc, pour ces Bondrées qui arrivent pour la plupart d'Allemagne et de Suisse. D'estomac certes, mais pas que, ces migratrices viennent chercher également des conditions et milieux plaisants pour la reproduction, et éviter la concurrence due au surnombre. Cette espèce sera sans aucun doute la vraie star de la journée, où ce n'est pas moins d'un millier qui seront comptées, [pour une moyenne sur la saison de 5000 en tout], la bonne journée donc pour les admirer ! 

Ce site de migration est particulièrement réputé pour les rapaces. Entre 20 000 et 30 000 survolent chaque année cette clue : Milans noirs et royaux, Bondrées et pour terminer la saison les Buses variables, sont les principales espèces observées. D'autres raretés viennent ponctuer le défilé, telles que des individus d'Aigles criard et pomarin. Difficile de faire la différence entre ces deux espèces, estivantes en Europe orientale, très semblables, qui peuvent même s'hybrider. Le temps de cette journée ensoleillée, nous aurons la chance de distinguer au milieu des grands groupes de Bondrées plusieurs Busards des roseaux, Circaètes Jean le Blanc, quelques Balbuzards pêcheurs, et une dizaine de Cigognes noires que nous retrouvons avec joie, depuis notre départ des bords de Loire. 

Deux des cigognes noires en passage migratoire au défilé de l’Écluse

Le reste de l'automne, plusieurs centaines de milliers de passereaux accompagnent les rapaces, mais aussi des canards, cormorans, vanneaux, hérons et autres aigrettes. La bonne nouvelle qui ressort des bilans de ces comptages faits depuis plusieurs années, c'est l'augmentation des effectifs de plusieurs oiseaux : par 3 pour les Milans noirs en 20 ans, effectifs en hausse également pour les Cigognes blanches et noires, signe donc de populations en bonne santé dans les pays alentours. 

Ravis de cette journée riche en observations, nous saluons nos amis "spotteurs" et repartons rêveurs sur les routes, nous laissant nous aussi pousser par les vents favorables vers notre prochaine halte migratoire.


Episode n°2 _ Du Léman à la plaine du Pô, au croisement de plusieurs haltes migratoires

A la fin des beaux jours, ils sont nombreux à se lancer dans ce long voyage périlleux : pas moins de 600 millions d'oiseaux chaque année, entament depuis l'Europe leur migration. Le voyage sera plus ou moins long en fonction des espèces, des zones de départ et conditions climatiques. Certains migrateurs descendent uniquement plus au sud de l'Europe comme par exemple une partie des Rougegorges familiers, même si tous ne partiront pas. Ce sont des migrateurs dits partiels, avec un régime alimentaire plus adaptable. Au contraire, pour les martinets et les bondrées, tous migrent et se lancent dans des voyages plus longs de plusieurs milliers de kilomètres, direction l'Afrique, retrouver leurs proies favorites : les insectes. Ce sont des migrateurs au long cours. Impressionnant donc pour ces oiseaux dont certains, comme les Fauvettes des jardins ne pèsent qu'une dizaine de grammes.

Encore plus impressionnant, certains oiseaux comme la Sterne arctique, oiseau marin, surnommé l'hirondelle de mer se lance dans de réels marathons de distance  en traversant littéralement du Nord au Sud la planète pour rallier Russie et Antarctique, pour un total d'au moins 35 000 km. L'Oie à tête barrée quant à elle, est connue pour franchir chaque année l'Himalaya volant à 9000 mètres d'altitude. De quoi faire rêver les voyageurs dans l'âme que nous sommes.

Pour effectuer de tels exploits, tous ces migrateurs, ont crucialement besoin d'endroits, appelés des haltes migratoires pour reprendre des forces avant de repartir. Nous en croiserons à diverses reprises lors de la suite de notre voyage.   

Envol de Harles bièvres sur le lac Léman 

3 septembre, le soleil se rapproche lentement de l'horizon. Il est temps pour nous de chercher un endroit où poser la tente. Le paysage, ce soir est magnifique : les montagnes au loin, surplombent le lac Léman, véritable mer intérieure de 300 mètres de profondeur qui sépare la Suisse et la France. Un étrange regroupement se laisse apercevoir au loin avec pas moins d'une centaine d'Harles bièvres, un canard du grand nord au long bec dentelé. Un peu plus tard dans la soirée, en parcourant les berges sablonneuses du lac, nous apercevrons dans la pénombre, notre premier Grèbe à cou noir du voyage à l'œil rouge bordé de magnifiques petites plumes oranges. C'est une des espèces migratrices qui peut être observée en halte sur les bords du site Natura 2000 du Léman. Ce littoral, où se mélangent encore quelques plages, roselières et vasières sert également de garde manger pour d'autres espèces tels que des limicoles (= petits échassiers se nourrissant dans les marais), profitant de cette pause salvatrice pour refaire leurs réserves. Le lendemain, c'est au delta de la Dranse, réserve naturelle nationale, que nous ferons une nouvelle pause.

Coincé entre de grandes étendues de campings et une zone industrielle, ce petit écrin de nature préservé, nous rappelle à quoi ressemblait le paysage avant que nous autres humains nous lancions dans une urbanisation excessive des rives de ce grand lac glaciaire. Entre les bras d'eau de la Dranse se mélangent grèves, étangs, forêts alluviales et terrasses de pelouses sèches où s'épanouissent amphibiens, reptiles, castors et une multitude d'orchidées. Divers oiseaux migrateurs, hérons et rapaces, apprécient y faire une halte dans leur grand voyage. 

Repos de Fuligules morillons, réserve du delta de la Dranse

La suite de notre parcours à vélo le long du Rhône en terre helvétique nous mène à travers plusieurs petits oasis renaturés ces dernières années. Dispersés dans la plaine urbanisée du Rhône, ils sont de réelles aubaines pour ces oiseaux en pleine migration. L'histoire est souvent la même, l'ancien tracé du fleuve sinueux a été pour des raisons économiques et pratiques "rectifié", laissant place à plusieurs projets d'exploitation de carrières ou de barrages. Quelques temps après, la réduction des activités industrielles mêlée à une prise de conscience écologique grandissante sur la valeur naturelle de ces anciens méandres, laisse place à des projets de restauration écologique, sous l'impulsion d'association de protection de la nature. Ces projets de renaturation des rivières recréent des endroits où la nature reprend sa place rapidement. Ce ne sont pas les seuls initiatives en faveur de la nature que nous croiserons puisqu'en parcourant la réserve naturelle des Teppes du Verbois, nous apprenons que 70 ans auparavant y a été réintroduit le plus grand des rongeurs d'Europe alors éradiqué, le Castor. Un des observatoires rend d'ailleurs hommage à Maurice Blanchet, un des investigateurs de la réintroduction de cette espèce dont le rôle dans le fonctionnement des écosystèmes fluviaux n'est plus à démontrer.       

Archive photographique de la réintroduction de deux beaux spécimens en 1968, canton de Thurgovie

Trêve de divagation, revenons à nos oiseaux.

Autres témoignages de la plaine du Rhône d'autrefois, où se retrouvent à la transition entre terre ferme et eau, oiseaux, amphibiens et autres libellules : les réserves de Pounta Fontana et Bolle di Magadino. La première est un marais, plus grande réserve aquatique de Suisse, où chaque automne et printemps plus de 150 oiseaux migrateurs y font escale. La seconde tient son nom de "bolle" des bulles de méthane qui se dégagent de ce delta marquant la confluence entre Tessin et lac Majeur, et est connue internationalement comme halte pour les oiseaux migrateurs, qui y trouvent pitance avec les nombreux insectes et amphibiens présents, au cours de leur grande traversée aérienne des Alpes. Ce jour là, nous n'observerons aucun de ces valeureux voyageurs, mais peu importe, nous voilà ici arrivés aux portes de l'Italie.


Episode n°3 _ Rencontre entre terre et mer : le delta du Pô

A l'aube de l'automne, nous entamons une grande traversée d'Est en Ouest de l'Italie, le long du plus grand fleuve du pays : le Pô. Au-revoir les montagnes, lacs et roselières, le paysage qui s'offre à nous sur des kilomètres est plat, très remanié et voué à l'agriculture. L'horizon s'étend à perte de vue, nous rappelant que les haies et les arbres se font rares, si on oublie les nombreuses peupleraies plantées au bord du Pô. 
Une piste à vélo nous mène tout droit vers un objectif que nous attendons avec impatience : le delta du Pô, signe de notre prochaine rencontre avec des migrateurs en chemin, où même pour certains déjà arrivés sur leurs quartiers d'hivernage. 

Nous sommes début octobre, arrivés tout près du fameux delta tant attendu, les peupliers du bord du Pô ont les pieds dans l'eau, depuis le passage récent de la tempête Alex. Ceci plaît d'ailleurs aux nombreux Colverts qui y barbotent. Nous nous amusons à regarder plusieurs troncs d'arbres à la dérive, où sont postées de manière méticuleuse plusieurs Mouettes rieuses se laissant porter nonchalamment par les courants du fleuve en crue.

Mouettes rieuses profitant des courants du Pô en crue

Le chant des premières Bouscarles de Cetti nous chatouillent les oreilles, signe de notre entrée imminente au royaume des zones humides.
Le fleuve Pô se divise sous nos yeux en plusieurs bras immenses, s'élançant dans un delta de 52 000 ha où se mêlent eaux douce et salée, dans un vaste panorama de roselières, salines, baies et lagunes. Ce somptueux paysage est une des plus importantes zones humides du pays et surtout la plus grande étendue de zones humides protégées d'Italie.    

Son importance n'est d'ailleurs pas sous estimée puisqu'un parc naturel régional y a été créé en 1997, avec en prime un classement au patrimoine mondial de l'Unesco, pour ce parc à cheval entre les régions de la Vénétie et de l'Emilie Romagne. Les ornithologues ne sont rarement déçus avec ses pas moins de 280 espèces d'oiseaux, dont certaines sont totalement absentes des contrées d'où nous arrivons.

Une queue en panache noire d'un grand échassier blanc attire notre attention à l'orée d'un champ. Nous sommes pour la première fois du voyage en présence d'un Ibis sacré, reconnaissable par son long bec noir recourbé.
Autrefois présent en Egypte jusque dans le delta du Nil, symbole du savoir et de la religion, il est aujourd'hui abondant dans toute l'Afrique Subsaharienne. Des échappées de parcs animaliers semblent expliquer sa présence "récente" en Europe de l'Ouest plus ou moins acceptée par les locaux. Cet oiseau en tout cas ne passe pas inaperçu, et retrouve au delta du Pô prairies, champs et zones humides qu'il affectionne. 

Un des réels emblèmes de ce delta que nous ne manquons pas d'apercevoir rapidement, est bien plus petit, et tout noir. Il se démarque de ces cousins Cormorans par sa petite taille, sa queue longue, son plus petit bec et un front bombé. Le Cormoran Pygmée ne possède lui non plus pas de plumage imperméable. Nous l'observons donc à plusieurs reprises au soleil, toutes ailes déployées en pleine séance de séchage.

Cormorans pygmées, un des emblèmes du delta 

Il est présent de la Mer Caspienne jusqu'en Italie, et est ces dernières années parfois observé en France, où il poursuivra sans doute sa (re)colonisation vers l'Ouest. Le soir venu, ces Cormorans pygmées se rejoignent en impressionnants dortoirs, pouvant atteindre jusqu'à 1500 individus ! 

Ce ne sont pas les seuls appréciant se retrouver en grands groupes le soir, nous apercevrons le long du Pô, un dortoir de Hérons Garde-bœufs de plus de 200 individus ! Les branches des saules plient sous le poids de ses nombreux occupants.

Une des grappes de Hérons garde-bœufs  

Quelle meilleure manière de s'immerger dans ce fabuleux paysage qu'à vélo ! Les routes sont peu fréquentées à cette période, et ce surtout en semaine, et serpentent au milieu de vastes étendues lagunaires, les "valli" où il est facile de discerner plusieurs petits échassiers, occupés à sonder l'eau de leurs longs becs fins. 

Pour aider à s'y retrouver entre tous ces méandres et lagunes

Depuis Porto Levante au Nord, il est possible de traverser la magnifique lagune de Scanarello, en direction de Ca Vernier, où nous avons eu le plaisir d'observer de nombreux petits Bécasseaux variables accompagnés de plusieurs Chevaliers, perchés sur de plus hautes pattes : des aboyeurs et des gambettes, reconnaissable pour ces derniers par leurs pattes oranges remarquablement assorties à leur bec.

Plusieurs de ces limicoles que nous avons dans les jumelles reviennent du Nord de l'Europe où ils ont élevé leurs petits avant de repartir de ces contrées redevenant hostiles avec l'arrivée des premières rigueurs annonçant la fin de l'été. Nous ne pouvons qu'éprouver fierté et admiration à leur égard ! 

Bécasseaux et Chevaliers échoués sur une petite île d'un marais

Il serait dommage par la suite de ne pas se diriger vers Scardovari, porte d'entrée d'une somptueuse baie du même nom, et vivement conseillée par nos amis de Ferrare. Pour cela, il est nécessaire de reprendre le pont passant au niveau de Contarina, puis direction Ca'Tiepolo et Tolle. Cela peut être évité en prenant un bateau vers Ca'Zuliani pour traverser le Pô, mais qui a malheureusement terminé la saison un jour avant notre arrivée. L'observation de tous ces oiseaux peut parfois être un peu chronophage. 😏

Passé Scardovari, la vue s'ouvre d'un coup sur la Méditerranée bordée de petites cabanes de pêcheurs en équilibre sur leurs pilotis. 

Panorama de la baie de Scardovari

Sur les blocs rocheux délimitant la berge, se distinguent plusieurs Tournepierres à collier, arrivés tout juste de Scandinavie. Contrairement aux bécasseaux et autres chevaliers qui se concentrent sur les étendues sableuses, le Tournepierre préfère quant à lui les côtes rocheuses, où il retourne méticuleusement les pierres à la recherche de petits crustacés ou mollusques. Son nom est donc plutôt évocateur !  

L'entrée et la sortie de cette jolie baie sont ponctuées de petits marais jonchés au milieu des herbes humides et autres roseaux. Cela vaut le coup de s'y arrêter un instant, vous aurez on l'espère la même chance que nous de voir apparaître une Bécassine des marais, l'incarnation de la discrétion même. Véritable reine des marais, sa tête est couronnée de longues stries beiges claires descendant jusqu'à son dos et ornée d'un long bec d'une grande finesse. Rarement seule, avec un peu de patience, sort des herbes hautes une seconde. Quelle joie d'observer pour la première fois ces deux représentants de cette espèce malheureusement en déclin…

La discrète Bécassine des marais

Avant de quitter cette jolie baie et apercevoir enfin le phare de Bacucco marquant la pointe sud du delta, nous croisons une famille d'Oies rieuses venues se repaître dans les champs bordant la digue. Plus rien à voir avec le paysage de la toundra du Nord de la Russie qu'elles ont quitté quelques semaines auparavant.

Carte du delta du Pô, partie Sud, pour + d'infos touristiques

Direction Gorino et la célèbre baie de Goro, réputée pour la migration et l'hivernage des échassiers. Pour l'atteindre, il faudra d'abord traverser deux jolis ponts reposant sur un enchaînement de barques, longer un port de pêche et emprunter une piste suivant le littoral, teinté de tons rougeoyants et turquoises. Quel beau spectacle ! Nous n'observerons pas foule d'oiseaux, exceptés quelques Bécasseaux maubèches et Chevaliers guignettes, mais le chemin nous ravit.

Arc en ciel de couleurs de la baie de Goro

Changement total de décor, la route à vélo qui va jusqu'à Ravenne nous fait entrer dans une petite pinède de bord de mer ravissante, deux petites réserves se succèdent alors : la Riserva statale Bosco della Mesola et celle du Po di Volano. Quel plaisir de pédaler de nouveau dans une forêt aux odeurs salines, et puis coup de chance, à cette époque de l'année, le brâme des daims s'élève dans les airs dès la tombée de la nuit, garantie d'un bivouac mémorable ! 

Face à face avec un daim arborant de magnifiques bois en cette période des amours

Même si la route n'est pas des plus agréables à vélo, surtout comparée à la piste dans la forêt du lido, un petit détour au valle de Bertuzzi peut valoir le coup. Les vues dégagées sur la lagune, côté Est sont quelque peu rares mais suffiront pour débusquer un mâle et deux femelles de Fuligules nyroca, occupés à nous observer de leur sublime iris blanc. Petit canard plongeur discret et relativement rare en France, il est surtout beaucoup moins commun que ses deux "cousins" les Milouins et Morillons qui peuvent former à cette époque de grands groupes, au milieu desquels peuvent être distingués quelques Nyrocas avec leur jolie couleur brune chocolat. 

De retour vers le lido, divers petits marais éparpillés sur notre route sont le fief de divers échassiers : au programme la coquette Avocette élégante, l'élégante Echasse blanche et le fier Courlis cendré. Plusieurs Sarcelles d'hiver arborant un beau ton vert que ce soit autour de l'œil pour le mâle ou au niveau du miroir sur l'aile pour la femelle, nous rappellent que les limicoles ne sont pas les seuls à faire partie de ce ballet d'habitant des marais aux couleurs automnales.

Défilé des échassiers : Échasse blanche, Avocette Élégante et Courlis Cendré

Le clou du spectacle de cette traversée Nord / Sud du delta du Pô est l'arrivée au valle de Comachio. Depuis Porto Garibaldi, il est possible de traverser "l'avancée" Nord de la saline par un petit chemin qui débouche sur un observatoire, donnant un magnifique panorama sur les alentours ! Nous ne pouvons que vous conseiller d'aller y voir un beau coucher de soleil, avec une ambiance sonore et visuelle garantie grâce au dizaines de Flamants roses festoyant dans la saline, aux nombreux Bécasseaux variables, Chevaliers sylvains et autres Courlis cendrés s'activant sur les rives et aux ballets aériens de Sternes caugek pêchant quelques derniers poissons avant la tombée de la nuit, sous l'œil patient des Aigrettes et Hérons postés sur la berge.

Coucher de soleil sur le valle de Comachio 

Ceux qui veulent poursuivre l'expérience, peuvent faire tout le tour de ce grand valle, et observer au milieu des cabanes de pêcheurs guettant l'anguille, différents Grèbes : huppé, castagneux, et à cou noir, profiter de ces eaux poissonneuses. Quelques Crapauds verts impassibles le long du chemin se laissent observer le soir venu.

Cabanes de pêcheurs d'anguilles de Comachio

Les regroupements impressionnants de Pigeons ramiers et d'Etourneaux sansonnets, ondulant dans le ciel nous rappellent que pour certains le chemin des grandes migrations n'est pas arrivé à leur terme, tandis que d'autres sont déjà bien installés dans leurs quartiers d'hiver dans ce magnifique panorama qui nous l'espérons, vous ravira autant que nous.

Arrivés au terme de ce plongeon dans cette magnifique zone humide à la grande richesse, ancien carrefour culturel et économique entre l'Occident et l'Orient, le delta du Pô ne laisse pas indifférent le voyageur qui prend le temps de s'y arrêter. 





   

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